Grande Mosquée d’Alep (96/715)

 

 

 

Localisation : à l’ouest de la citadelle (G8.100).

Visite en : 2002, 2006, 2008, 2009.

 

 

 

Réf :

Allen (1983), p.7-12

Creswell (1932)

Gaube (1984), n°100

Herzfeld (1955), p.143-173

Korn (2004)

Meinecke (1992), 4/24, 7/35, 12/4, 9C/209, 16/35, 25A/43, 25B/32, 29/29, 30/8, 33/8, 34/3, 35/29, 35/56, 35/65, 37/24

 

Berchem/Oppenheim (1913), n°39

Herzfeld (1955), n°79, 80, 81, 82, 83, 84, 85, 217, 237, 263

RCEA 4859, 4860, 5292, 5293, 5294, 5710, 5932, 6016, 797014

Sauvaget (1993), n°32

 

 

 

Historique

 

Périodes antérieures[1].

La construction d’une Grande Mosquée à Alep est l’œuvre du calife Omeyyade Sulayman ibn ‘Abd al-Malik qui entame la construction en 96/715, cette construction est contemporaine de la Grande Mosquée d’al-Walîd à Damas. La mosquée est achevée en 99/717 par le successeur de ‘Abd al-Malîk, Sulayman. Le site utilisé est celui de l’antique agora au centre de la ville hellénistique.

En 351/962 la mosquée est détruite par les Byzantins, elle est rebâtie en 356/967.

Le grand minaret est érigé par les Seljûkides de 483/1090 (ill.16) à 489/1096, dates indiquées sur les longs bandeaux en écriture coufique à la base et au 5e niveau du minaret[2]. Les 3 autres niveaux du minaret reçoivent des versets du Coran[3]. Il a été détruit en 2013[4].

En 564/1169 un violent incendie occasionne des dégâts aux sud et à l’ouest de la mosquée et jusqu’à la madrasa al-Hallawîya, l’année suivante en 565/1170 un séisme endommage encore un peu plus l’édifice.

De 1999 à 2005, l’édifice a été au centre d’un projet de rénovation et réhabilitation.

 

Période Ayyûbide

Il semble que les Ayyûbides ne se soient pas intéressés à la Grande Mosquée, mise à part une rénovation dans la salle de prière sous le sultan al-Zâhir Ghazî (r.582/1186-613/1216). Il n’y a pas d’inscription mentionnant une phase de travaux sous les Ayyûbides.

 

Période Mamluk.

La conquête mongole du 10 safar 658/26.I.1260 provoque un incendie qui se propage et atteint la madrasa al-Hallawîya et les sûq environnants, le mur qibla est aussi abattu. Les travaux de réparations s’étaleront jusqu’en 684/1285.

Après la reconquête de la ville par les troupes Mamluk de l’émir Aqqûsh al-Burlî, le sultan al-Zâhir Baybars (r.17 dhu’l-qa’da 658/24.X.1260 – 27 muharram 676/30.VI.1277) fait reconstruire les ailes sud et est le 3 shaban 659/3.VIII.1261.

La seconde occupation mongole du 21-23 jumada II 679/18-20.IX.1280 provoque un nouvel incendie et d’autres dégats. Le sultan al-Mansûr Qalâ’ûn (r.27 rajab 678/3.XII.1279 – 6 dhu’l-qa’da 689/10.XI.1290) entame alors une campagne de travaux supervisée par le gouverneur Shams al-Dîn Qarâsunqûr[5]. Cette campagne de grande ampleur visent à consolider les réparations de fortune faites sous Baybars, après la 1e invasion des Mongoles. Au cours de cette phase le mihrâb est reconstruit en pierre (inscription n°1, ill.8) et la maqsûra est refaite (inscription n°2). Cette campagne s’achève en rajab 684/2.IX-5.X.1285.

L’équipement de la mosquée se poursuit jusqu’en 690/1291 et pendant le second mandat du gouverneur Qarâsunqûr (699/1299-709/1310). Durant cette période la mosquée est équipée d’un minbar signé Muhammad ibn ‘Alî al-Mawsilî (inscription n°3). Quant au portique est, il est restauré (ou reconstruit) sous le sultanat d’al-Nâsir Muhammad par le gouverneur Altinbughâ al-Nâsirî (en poste de 743/1342 à 744/1343)[6].

Au cours du 8e/14e la maqsûra et Bâb al-Khataba sont restaurées par le gouverneur Yalbughâ al-Yahyawî (inscription n°10, ill.7) peu avant son exécution en jumada I 748/9.VIII-7.IX.1347[7], le balcon du minaret est aussi renouvelé en 791/1388 et la nef nord est refaite par le gouverneur Saif al-Dîn Taghribirdî pendant son mandat entre 796/1394 et 800/1398 (inscription n°11, ill.5).

Lors d’une visite à Alep le 13 rajab 820/26.VIII.1417 le sultan al-Mu’ayyad Shaykh (r.1 sha’ban 815/6.XI.1412 – 9 muharram 824/14.I.1421) confie le renforcement du mur d’enceinte de la ville à ‘Alâm al-Dîn Sulaiman al-Jabî, celui-ci fait aussi construire la coupole devant mihrâb et un étage de logement au portique nord. Plus tard, suite à l’effondrement d’une partie du mur ouest et de la charpente du portique ouest, le gouverneur Yashbak al-Mu’ayyadî fait reconstruire ce portique avec des voûtes en pierre. Ces travaux seront achevés par le gouverneur Muzaffar Ahmad suite à la mort de Yashbak le 23 muharram 824/28.I.1421.

Par la suite la Grande Mosquée connaîtra de nombreuses autres interventions dont le renouvellement du toit de l’aile du mihrâb par le gouverneur Qasrauh min Timraz (en poste de 830/1427-837/1434)[8], le nom de ce gouverneur est mentionné sur les inscriptions du sabîl Bak à Bâb al-Maqâm et sur le tombeau de Qasrauh à al-‘Ansarî. La canalisation est réparée et transformée par le gouverneur Taghribirmish en 839/1435 ; entre 849/1445 à 850/1446, réparation d’une partie du mur effondré vers l’entrée ouest, puis construction du portail ouest et d’un logement le tout aux frais d’Abû Bakr ibn al-Hulwanî.

Une phase de travaux est mentionnée pendant le mandat du gouverneur Qanibay al-Hamzawî ; celui-ci fait restaurer le mur qibla qui semblait délabré, ces travaux conduient par les architectes ‘Ali ibn al-Rahhâl et al-Hajj Muhammad al-Shuqair s’achèvent par la pose d’une corniche à consoles sur la façade du portique sud. Deux ans plus tard, en muharram 855/3.II-4.III.1451 la toiture du minaret est restaurée.

Finalement en 864/1459, Qarajâ le dawadar de l’émir Qasrauh fait recouvrir de plomb la coupole sur mihrâb.

Outre les inscriptions de restaurations gravées sur les murs de la mosquée qui témoignent de ces différentes phases de travaux, on trouve aussi plusieurs décrets datés 811/1409, 871/1466 et 903/1498 relatifs à la vie économique des sûq entourant l’édifice.

 

 

 

Epigraphie

 

Tableau de concordances des inscriptions de la Grande Mosquée.

 

684/1285. Texte de construction, bandeau avec 2 autres bandeaux à droite et à gauche au-dessus du mihrâb (inscription n°1, ill.8)[9].

« xxxx sa construction, après son incendie, a été ordonnée par notre maître le sultan auguste al-Malik al-Mansûr Saif al-dunya wa’l-dîn Qala’ûn, - que Dieu glorifie sa victoire ! – sur l’injonction élevée de notre maître Shams al-Dîn Qarâsunqûr, le porte raquettes d’al-Malik al-Mansûr, gouverneur général de la province d’Alep la bien gardée, - que Dieu le récompense et le garde (?) xxx (?) ! – en rajab de l’année 684 (septembre 1285) »

 

 

n.d. Texte de restauration dans la maqsûra (inscription n°2)[10].

« Cette maqsûra a été refaite durant les jours de Sa Grandeur élevée notre maître Shams al-Dîn Qarâsunqûr, serviteur d’al-Malik al-Mansûr, gouverneur général de la province d’Alep, que Dieu glorifie sa victoire ! »

 

 

n.d. Texte de construction et signature, 2 lignes au-dessus de la porte du minbar et 1 ligne sur les battants de la porte (inscription n°3)[11].

« Fait durant les jours de notre maître le sultan al-Malik al-Nâsir Abu’l-Fath Muhammad, que sa victoire soit glorieuse ! œuvre de l’esclave avide de Dieu Muhammad, fils de ‘Alî, al-Mawsilî, sous l’administration de l’esclave avide de Dieu Muhammad, fils de ‘Uthmân, al-Haddâd »

 

 

n.d. Texte de construction sur le dos du minbar (inscription n°4)[12].

« Ceci a été fait par ordre de Sa Grandeur élevée, l’émir Shams al-Dîn Qarâsunqûr, le jukandâr d’al-Malik al-Mansûr, que sa victoire soit glorieuse ! »

 

 

n.d. Texte de restauration sur la maqsûra al-Qâdî (inscription n°5)[13].

« Cette maqsûra bénie a été refaite durant les jours de Sa Grandeur élevée, notre maître, appartenant au souverain, Shams al-Dîn Qarâsunqûr, serviteur d’(al-Malik) al-Mansûr, gouverneur général de la province d’Alep »

 

 

n.d. Texte de rénovation (110x30) 2 lignes de la maqsûra al-Walî, anciennement dans la 5e travée à l’ouest du mihrâb (inscription n°6)[14].

« Au nom d’Allâh ….. cette maqsûra fut refaite à l’époque de notre maître le sultan al-Malik al-Nâsir Nâsir al-dunyâ wa’l-dîn Muhammad – qu’Allâh perpétue sa royauté ! »

 

 

n.d. Texte de reconstruction incomplet (90x40) 2 lignes près d’une porte de la hujrât al-khatîb (Bâb al-Sudda) dans la 4e travée à l’est du minbar (inscription n°7, ill.7)[15].

« Sur le haut conseil de ‘Alâ al-Dîn Altinbugha, gouverneur des principautés d’Alep – qu’Allâh glorifie ses victoires ! – sous l’inspection de Son Altesse ‘Alâ al-Dîn, monseigneur ‘Abdalrazzâq – que sa victoire soit glorifiée ! »

 

 

n.d. Texte de construction (100x35) 2 lignes au-dessus de la porte de la maqsûra à l’est de la salle de prière (inscription n°8)[16].

« xxxx sur la haute injonction de ‘Alâ’ al-Dîn Altunbughâ, gouverneur général de la province d’Alep, - que Dieu glorifie ses victoires ! – et sous l’inspection de Sa haute Grandeur ‘Alâ’ al-Dîn Aindughdî al-Zarrâq, que sa victoire soit glorieuse ! »

 

 

n.d. Texte de restauration 2 lignes sur le mur de la maqsûra (inscription n°9)[17].

«  xxx Cette maqsûra a été renouvelée durant les jours de notre maître le sultan al-Malik al-Nâsir Nâsir al-dunya wa’l-dîn Muhammad, que Dieu éternise sa royauté ! »

 

 

746/1345. Texte de restauration (200x35) 2 lignes sur bois à côté du minbar (inscription n°10, ill.7)[18].

« Cette maqsûra a été refaite durant les jours de notre maître le sultan al-Malik al-Sâlih ‘Imâd al-dunya wa’l-dîn Abû’l-Fidâ’, Isma’îl, fils de Muhammad sur l’injonction de Sa très noble Grandeur, élevée, notre maître Saif al-Dîn Yalbughâ, gouverneur général des nobles provinces d’Alep, - que sa victoire soit glorieuse ! – en l’année 746 (1345) »

 

 

797/1394-1395. Texte de construction (90x60) 3 lignes sur le mur ouest de la nef nord (inscription n°11, ill.5)[19].

« Sa fondation a été ordonnée par notre maître, Sa majesté très grande, le sultan al-Malik al-Zâhir Abu Sa’îd Barqûq – que sa victoire soit fortifiée ! – du temps de Sa Grandeur Sayf al-Dîn Taghrîbirdî, gouverneur de la province d’Alep – que sa victoire soit foritifée ! – sous le contrôle du serviteur qui a besoin de Dieu le Très-Haut Hamza al-Ja’farî al-Hanafî, dans le courant de l’année 797/1394-95 »

 

 

811/1409. Décret sur un mur de la cour, disparu (inscription n°12)[20].

« A la date du … de l’année 811 arriva l’arrêté gracieux du haut maître … Damirdash, gouverneur de la principauté d’Alep, concernant l’abolition de la taxe sur les œufs dans la principauté d’Alep ; maudit … qui la réintroduira ou la renouvellera ! »

 

 

871/1467. Décret (120x25) 2 lignes dans l’entrée est, encastré sur le mur sud (inscription n°13)[21].

« A la date du mois d’al-hijja, en l’année 867 (juillet 1467), Son Excellence Nâsir al-Dîn Muhammad, émir majordome, a supprimé – sur l’initiative de son supérieur hiérarchique Yashbak al-Bajâsî, le roi des émirs – le cadeau (khidma) exigé des courtiers en étoffes égyptiennes par les majordomes, lors de leur prise de fonctions. Maudit soit quiconque renouvellera cet abus »

 

 

903/1498. Décret (130x45) 4 lignes au-dessus du linteau de la porte est (inscription n°14)[22].

« A la date du 13 du mois dhu’l-qa’da le sacré de l’année 903/2.VIII.1498, a ordonné notre maître le préfet général, Janbalât al-Nâsirî, gouverneur de la principauté royale d’Alep …. »

 

 

 

Biblio complémentaire

Schath (2000), p.228-235

Allen (2003)

 

 

 

 

 

 

 

 

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1/ plan de la Gramde Mosquée

2/ vue du portail principal en façade

3/ décor du portail principal

4/ façade de la salle de prière

 

 

 

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5/ l’inscription datée 797/1394-1395

6/ l’inscription non datée

7/ la porte de la hujrât al-khatîb avec l’inscription non datée

8/ le mihrâb avec l’inscription datée 684/1285

9/ l’inscription datée 996/1587

 

 

 

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10/ vue du minaret depuis le boulevard à l’est

11/ vue du minaret depuis le nord

12/ le minaret depuis le nord

13/ décor de la partie haute du minaret

 

 

 

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14/ décor de la partie haute du minaret

15/ l’inscription du Coran au 2e niveau du minaret

16/ l’inscription datée 483/1090 à la base du minaret

 

 

 

 

 

Documents anciens

 

 

 

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[1] Sur cette période, cf Herzfeld (1955), p.143-173 ; Allen (1983), p.1-6.

[2] Voir textes in Herzfeld (1955), n°75, 77.

[3] Voir texte in Herzfeld (1955), n°76.

[4] Voir parmi les études en cours : Fangi (2013), p.403-409 ; Bulbul (2017) ; Grussenmeyer (2017), p.295-301 ; Pavelka (2017), p.561-565.

[5] Sur Qarâsunqûr, cf. Mayer (1933), p.183-184.

[6] Sur Altinbughâ, cf. Mayer (1933), p.63-64.

[7] Sur Yalbughâ, cf. Mayer (1933), p.249-251.

[8] Sur Qasrauh, cf. Mayer (1933), p.185-186.

[9] Texte d’après RCEA 4859.

[10] Texte d’après RCEA 4860.

[11] Texte d’parès RCEA 5292.

[12] Texte d’après RCEA 5293.

[13] Texte d’après RCEA 5294.

[14] Texte d’après Herzfeld (1955), n°82.

[15] Texte d’après Herzfeld (1955), n°83.

[16] Texte d’après RCEA 5710.

[17] Texte d’après RCEA 5932.

[18] Texte d’après RCEA 6016.

[19] Texte d’après RCEA 797014.

[20] Texte d’après Herzfeld (1955), n°217.

[21] Texte d’après Sauvaget (1933), n°32.

[22] Texte d’après Herzfeld (1955), n°263.