Bireçik Kale/Qal’at al-Bira

 

 

 

Localisation : le château domine la ville sur un promontoire rocheux au bord de l’Euphrate.

 

 

Réf :

Amouroux-Mourad (1988), pl.VI

Creswell (1926), p.129-193

Devonshire (1922), p.1-43

Meinecke (1992), 4/75, 5/15, 9B/16

Sinclair (1990), p.157-160

 

Oppenheim/Berchem (1913) : n°127, 128, 129

RCEA 4763, 5111

 

 

 

Historique

 

Le château de Bireçik (al-Bira en arabe) est perché sur un éperon rocheux, orienté nord-sud, s’arrêtant sur la rive droite de l’Euphrate et qui était séparé de la ville par un fossé, aujourd’hui comblé (ill.1, 2, 3).

La citadelle est assiégée une première fois par les Mongoles de Hülegü en dhu’l-hijja 657/décembre 1259, ils s’y installent jusqu’en 659/1262.

Une deuxième attaque, sans succès, a lieu pendant l’hiver 663/1264-1265, puis la citadelle est conquise par le sultan al-Zâhir Baybars, le 23 rabi’ II 663/12 Février 1265. Celui-ci  fait aussitôt réparé et renforcé le site : plusieurs tours sont refaites, le fossé est élargi et une nouvelle porte est ouverte vers le fleuve. Ces travaux sont exécutés sous la surveillance des deux émirs Saif al-Dîn Balabân al-Hubaishî et Rukn al-Dîn al-Sarwî. Les installations intérieures, dont la mosquée, sont aussi renouvelées.

En hiver 671/1272, deux sièges simultanés des Mongoles se soldent par un échec.

Une inscription sur l’entrée du château mentionne les réparations entreprises par le commandant du château Jamâl al-Dîn Baqîsh  pendant le règne du sultan al-Sa’îd Barakakhân après 676/1277, ces réparations font suite au nouveau siège des Ilkhanîdes en hiver 674/1275 qui semble avoir causé d’importants dégâts.

Une autre inscription dans la mosquée du château et divers fragments d’inscriptions retrouvés dans une galerie intérieure font état de nouvelles restaurations en 700/1301 sous le règne du sultan al-Nâsir Muhammad.

Le site, tout comme la ville, est de nouveau restauré par le sultan al-Ashraf Qaitbay lors de sa visite d’inspection en 882/1477[1], de nombreux cartouches à son nom gravés sur les murs du château témoignent de l’activité du sultan durant ce séjour.

 

Les photos de l’archéologue britannique K.A.C. Creswell, datant du début 20e siècle, nous donnent une idée de l’importance du site, mais aujourd’hui, l’intérieur est fortement endommagé[2] : il reste de nombreux vestiges et pans de mur disséminés au centre et au nord du promontoire (ill.4, 5, 22, 23), où l’on devine l’existence d’un mur et de tours qui traversaient la forteresse d’est en ouest formant un espace isolé du reste du promontoire (ill.20, 21). A l’extrémité nord, il ne reste qu’un morceau de la tour qui fermait le site de ce côté (ill.16).

Le côté est conserve un saillant (base d’une ancienne tour) avec ses fentes de tir qui font face à la ville (ill.14, 15, 20, 24), et une grande tour rectangulaire qui s’élève encore sur trois niveaux avec de nombreuses ouvertures qui contenaient les chambres de tir (ill.11-13, 25, 26).

Le côté ouest, donnant sur le fleuve, ne présente plus aucune élévation, seulement quelques vestiges éparses. On trouve une rampe d’accès parallèle à la falaise qui conduisait à un passage souterrain (ill.17, 18).

La partie sud du promontoire est toujours dominé par une imposante tour conservée sur deux niveaux avec ses ouvertures, ses archères (ill.6-9), ainsi qu’une partie du talus percé d’une douzaine de fentes de tir (ill.10). Cette partie du château abritait un espace palatial et une salle de prière (ill.19, 27-30), les photos de Creswell montrent un édifice couvert d’une coupole[3].

L’accès à la forteresse se faisait par des passages creusés dans la roche et des portes aménagées dans les tours, il y avait aussi une issue de secours qui donnait directement sur l’Euphrate.

 

 

 

Epigraphie 

 

676/1277. Inscription de construction sur l’entrée de la citadelle[4].

« Ce mur d’enceinte béni était remplacé sous le gouvernement de notre maître (le sultan) al-Malik al-Sa’îd, sage, juste, combattant, Nâsir al-Dunîya-wa’l-Dîn, l’opprimé contre les oppresseurs exerçant la justice, le vainqueur des révoltés et des rebelles, Muhammad Barakakhân, fils de notre maître le sultan al-Malik al-Zâhir (Baybars), l’associé au pouvoir du prince des croyants, Allâh fasse durer éternellement son sultanat !

Sous la direction de l’émir Kamâl al-Dîn, l’administrateur impérial royal de Bireçik ».

 

700/1301. Inscription de construction dans la mosquée de la citadelle[5].

« Cette construction était rénovée sous le gouvernement de notre maître le sultan al-Malik al-Nâsir Abu’l-Ma’alî Muhammad, le fils du sultan al-Malik al-Mansûr (Qalâ’ûn), qu’Allâh rende ses victoires puissantes ! à la fin de l’année 700/1301 ».

 

n.d. Inscription de construction dans une galerie de la citadelle[6].

« Cela a été construit sur les ordres de notre maître, le sultan, le grand roi … al-Nâsir … ».

 

 

 

Biblio complémentaire :

Vachon (1994), n°11

Kurkçüoglu (1996)

Durukan (1999), p.209-217

Durukan (2004), p.197-207

Raphael (2010), p.173-185

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1/ vue aérienne du site

Source : Google Earth

 

2/ plan schématique du site

3/ vue générale depuis l’Euphrate

4/ partie nord et centrale du promontoire

5/ vestiges de la partie centrale

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

6/ partie sud, vue ouest

 

7/ partie sud, vue sud-ouest

8/ partie sud, vue sud-est

9/ partie sud, vue est

10/ vestiges du glacis sur la face orientale

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

11/ tour rectangulaire du côté est

 

12/ tour rectangulaire du côté est

13/ façade de la tour rectangulaire

14/ saillant au nord du côté est

15/ saillant au nord du côté est

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

16/ extrémité nord de la forteresse

17/ face occidentale du site avec la rampe d’accès

 

 18/ chemin d’accès à la rampe

 

19/ plan schématique de la partie sud de la forteresse

20/ plan schématique de la partie nord de la forteresse

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

21/ vue du plateau central et nord

22/ vestiges sur le côté ouest du plateau

23/ vestiges sur le côté ouest du plateau

24/ vestiges sur le côté est du plateau avec le saillant

 

25/ la tour rectangulaire est depuis le plateau central

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

26/ l’intérieur de la tour rectangulaire est

27/ l’extrémité sud du plateau

28/ vue intérieure de la salle à l’extrémité sud

29/ salle est

30/ salle ouest

 

 

 

 

 

Documents anciens, récits

 

Buckingham (1827), p.34-35 (séjour en juin 1816)

« In the centre, on a height of the rock, stands an old ruined fortification ; and all along the north end of the town, where the perpendicular cliff faces the water, are the walls and towers of a large castle, incorporated with the cliff itself, and presenting, even now, in its state of great dilapidation, an imposant aspect. (…). »

 

 

Chesney (1868), p.416  (séjour le 17-18/05/1835 et 14-16/06/1835)

« In two hours from Mizar we reached the Euphrates itself, just opposite to the town of Bir, or Birejik ; the first is the Arabic name, and the second the Turkish. It has a striking apparence, having an elevated castle looking immediately over the river. (…) we had an opportunity of seeing the castle ; it stands upon a rock cut off from the town by a natural separation, but having the slope at the foot of the walls strengthened by a facing of stone, similar to the castle at Aleppo. The interior has been quite ruined by earthquakes. »

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La forteresse de Bireçik d’après une gravure anonyme (p.ê 18e siècle)

 

 

 

 

 

Menu précédent

 

 

 



[1] Sur le voyage de Qaitbay dans la région, voir Devonshire (1922), p.15.

[2] On peut comparer le site actuel avec les archives photos de Creswell qui montrent l’état du site au début du 20e siècle. Ces photos sont consultables sur archnet.org et sur le site de l’Ashmolean Museum.

On consultera aussi le site de l’Université de Newcastle qui a mis en ligne les photos de Gertrude Bell prisent vers 1911.

[3] Voir les archives photos de Creswell.

[4] Traduction d’après le texte de Oppenheim/Berchem (1913), n°127.

[5] Traduction d’après le texte de Oppenheim/Berchem (1913), n°128.

[6] Traduction d’après le texte de Oppenheim/Berchem (1913), n°129.