Madrasa Khâtûnîya (775/1373)

 

 

 

Localisation : sur la rive gauche du nahr Abû ‘Alî, sur la route du cimetière al-Raml (plan n°26).

 

 

 

Réf :

Meinecke (1992), 22/73

Salam-Liebich (1983), p.144-152

Sobernheim/Berchem (1909), p.114-118

 

Mayer (1933), p.85

RCEA 775005

Sobernheim/Berchem (1909), n°51

 

 

 

Historique

 

La longue inscription en façade mentionne une dotation riche et détaillée datée de 773/1371 et l’achèvement des travaux en 775/1373. L’édifice construit, à l’angle de deux rues (ill.3), comme une madrasa funéraire est l’œuvre de ‘Izz al-Dîn Aydamir al-Ashrafî et fait suite à une indication testamentaire de sa femme Arghûn Khâtûn. Le commanditaire a aussi été gouverneur de la ville à deux reprise jusqu’à sa mort en 776/1374[1].

On retrouve plusieurs de ses blasons (une coupe sur un fond tripartite) sur les ouvertures de la façade ouest (ill.5-8). La façade nord reçoit le portail d’accès (ill.9-11). L’édifice présente un tombeau à l’angle nord-ouest et une salle de prière au sud, un long corridor à l’est dessert ces salles et des salles secondaires (ill.1).

 

 

 

Epigraphie

 

775/1373. Inscription de fondation de ‘Izz al-Dîn Aidemir al-Ashrafî, 18 lignes en tout dont 10 lignes en 2 parties dans la baie du portail, 4 lignes dans la baie et 4 autres lignes sur le linteau de la porte (ill.12)[2].

« (1) au nom d’Allâh…. Louange à Allâh, le maître de l’univers, et qu’Allâh bénisse notre seigneur Muhammad ! (2) A construit ce lieu béni notre maître, sa très noble, haute Excellence, le maître, le bien servi, le gouverneur ‘Izz al-Dîn (3) Aidemir al-Ashrafî, notre maître, le préfet général, qu’Allâh fortifie ses victoires, en commun avec sa noble épouse, la dame bien gardée Arghûn, (4) qu’Allâh la couvre de sa miséricorde, selon les dispositions testamentaires prises auparavant par elle. Et elle a constitué en waqf toute la halle nommé Duhaisha (5) et (connue comme) l’établissement des tisserands de soie, (et) les neuf magasins et les boutiques situées tout auprès, en dehors de la halle, et appelées de son nom ; et …. (6) à la boutique sise en dehors de la porte méridionale et contiguë à elle, à droite en entrant par cette porte ; et des neuf magasins, quatre grands magasins sont contigus à la halle, deux à (7) droite en entrant par la porte méridionale, et deux à gauche. Et (elle a constitué waqf) les cinq chambres voûtées touchant à la halle, et la totalité des trois magasins (8) voisin vis-à-vis de la porte méridionale de la halle, et l’ensemble des magasins voisins au milieu du marché oriental, (9) du côté est, près de la halle des marchands ; et l’emplacement de tous (ces immeubles) est à Tripoli la bien gardée. (Elle a constitué le tout en waqf) pour elle-même durant (10) sa vie, puis après elle les revenus en seront dépensés pour les objets dont suit l’exposé, c'est-à-dire que le directeur légal du waqf établira, au mausolée qui (11) a été désigné pour la fondatrice et dans lequel elle sera enterrée, quatre hommes sachant par cœur le Coran vénérable et qu’il leur donnera pour traitement la somme qu’il jugera bon de fixer, à la condition qu’ils se rendront tous les jours au mausolée de la fondatrice et qu’ils y réciteront un quart complet du noble Coran et qu’ils prieront, après la récitation, pour la fondatrice et pour son affranchisseur, son mari mentionné (12) ci-dessus, et qu’ils imploreront pour eux deux la miséricorde d’Allâh, et qu’ils demanderont pour eux deux son pardon et son indulgence, et qu’ils transmettront la récompense de la récitation à leurs deux âmes défuntes, et qu’ils associeront la totalité des musulmans à leurs prières, et qu’ils termineront la prière par l’oraison pour le Prophète, et qu’ils s’arrangeront pour achever le Coran dans chaque nuit du vendredi, en sorte qu’ils (13) fasse sur sa tombe, en sept jours, une récitation complète. En conséquence, à chaque nuit du vendredi, ils se rassembleront au mausolée, eux, les musulmans et les pauvres d’entre ceux-ci qui se trouveront avec eux, pour achever la noble récitation (complète) sur sa tombe, et ils prieront et imploreront la miséricorde comme il a été exposé plus haut. En outre, que le directeur légal préparera deux sortes de mets, comme il le jugera bon, et fera apporter un quintal (14) de pain de froment bon et pur, et (le) déposera dans le mausolée et le distribuera aux pauvres et aux indigents du peuple de Mahomet ; et cela aura lieu chaque nuit de vendredi, à la fin de la récitation (complète) du Coran vénérable. Et qu’il dépensera en faveur du mausolée ce qui sera nécessaire pour les nattes et les autres fournitures, et pour la subsistance d’un intendant permanent qui pourvoira à le balayer, à l’épousseter, (15) à le couvrir de nattes et à l’éclairer. Et qu’il établira pour Tripoli une école (primaire) d’orphelins et qu’il y installera un maître d’école et huit garçons orphelins devant lesquels le maître s’assiéra, selon la coutume, pour leur enseigner la récitation du Coran et pour leur apprendre l’écriture. Et chaque fois que la récitation du Coran vénérable touchera à sa fin ou (qu’un des élèves) mourra ou sera empêché d’assister à l’enseignement, le directeur en choisira un autre parmi les orphelins des musulmans. Et qu’il fixera (16) au maître par mois une somme de 30 dirhams qui lui sera payée, et qu’il payera à chacun des orphelins par jour un quart de dirham et qu’il vêtira chacun d’eux d’un vêtement complet, comme le directeur le jugera bon, consistant en une chemise, un capuchon, des pantalons, un manteau et des pièces de rechange. Et l’argent de cette fondation, au cas où ses institutions gratuites viendraient à disparaître et où l’on abandonnerait ses prescriptions, sera affecté aux (17) pauvres et aux indigents parmi les musulmans. Et les premières sommes perçues sur la rente du waqf seront consacrées à la constitution. Et (la fondatrice) s’est réservées la libre disposition pour elle-même et elle a le droit de continuer (l’administration) ou d’y nommer un gérant ou de la confier à qui elle veut ; puis, après elle, la direction appartiendra à son affranchisseur, notre maître le préfet général mentionné plus haut, qu’Allâh fortifoe ses victoires, ensuite au plus droit dans la voie droite parmi les enfants qu’il a eus d’elle, puis à celui qu’elle a stipulé dans son acte (18) de fondation, daté du 23 sha’ban de l’année 773 (1er mars 1372). A dirigé la construction de tout cet édifice béni le pieux émir Jamâl al-Dîn Yûsuf, fils du défunt ‘Izz al-Dîn Ghazzân al-Saifî, qu’Allâh lui done une haute récompense qu’Allâh daigne rendre élevée. Et (la construction) a été achevée en l’année 775 (1373-1374) ».

 

 

 

Biblio complémentaire :

Saliba (1994)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1/ plan de la madrasa

2/ relevé de la madrasa

3/ vue du site depuis le nord-ouest

4/ vue de la façade ouest depuis le sud

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

5/ les ouvertures doubles de la partie sud de la façade ouest

6/ relevé des ouvertures doubles

7/ l’ouverture au centre de la façade ouest

8/ les ouvertures doubles de la partie nord de la façade ouest

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

9/ le portail d’accès

10/ relevé du portail

11/ le décor de la baie du portail

12/ l’inscription de fondation datée 775/1373 du portail

 

 

 

 

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[1] Extrait de sa biographie, in Sobernheim/Berchem (1909), p.118-121 et Mayer (1933), p.85-86.

[2] Texte d’après Sobernheim/Berchem (1909), n°51.