Grande Mosquée al-Mansûrî (693/1293)

 

 

 

Localisation : sur la rive gauche du nahr Abû ‘Alî, quartier Nûrîya (plan n°2).

 

 

 

Réf :

Meinecke (1992), 8/28, 9C/58, 42/105

Salam-Liebich (1983), p.16-28

Sobernheim/Berchem (1909), p.48-51

 

RCEA 4975, 5358, 5532

Sobernheim/Berchem (1909), n°20, 21, 22, 23, 24, 25

 

 

 

Historique

 

La mosquée est fondée en 693/1293 par le sultan al-Ashraf Khalîl (r.7 dhu’l-qa’da 689/11.XI.1290 – 12 muharram 693/13.XII.1293), complétée en 715/1315 par le sultan al-Nâsir Muhammad (3e règne 30 ramadan 709/3.III.1310 – 21 dhu’l-hijja 741/7.VI.1341). C’est le premier édifice musulman élevé dans la ville nouvelle de Tripoli fondée par les Mamluk[1], elle est située sur le site de l’ancienne église croisée, la mosquée en conserve des éléments dans son architecture. Elle tient son nom du sultan al-Mansûr Qalâ’ûn (r.27 rajab 678/3.XII.1279 – 6 dhu’l-qa’da 689/10.XI.1290) qui a conquit la ville en 688/1289.

La date de construction de la mosquée est avérée par l’inscription de fondation sur le linteau de l’entrée principale au nord (ill.6), une deuxième inscription sur le mur est de la cour mentionne l’ajout des portiques de la cour et la fin des travaux sous le sultan al-Nâsir Muhammad en 715/1315 (ill.16). Deux autres inscriptions à l’intérieur mentionnent des réparations :

l’une sur le minbar restauré par le gouverneur Qaratay (en fonction de 716/1316 à 726/1326 et de 733/1332 à 734/1333) et datée 726/1326. Il construit aussi la madrasa Qartawîya, collée à la mosquée.

l’autre sur le mihrâb nord-est restauré par le gouverneur Azdemir al-Ashrafî en 883/1478.

L’édifice reçoit aussi deux décrets, l’un daté de 817/1414 (ill.17) promulgué par le sultan al-Mu’ayyad Shaykh (r.1 sha’ban 815/6.XI.1412 – 9 muharram 824/14.I.1421) et l’autre édité en 908/1502 par le gouverneur de la ville (ill.7), ils concernent l’abolition de taxes et de divers abus constatés sur la population locale.

 

 

 

Epigraphie

 

693/1293. Texte de fondation du sultan al-Ashraf Khâlil, 2 fois 3 lignes (250x39) sur le linteau de l’entrée principale au nord (inscription n°1, ill.6)[2].

« (1) Au nom d’Allâh… a ordonné la construction de cette mosquée bénie notre maître très puissant, le maître des princes des Arabes et des Persans, le conquérant des frontières et l’exterminateur des infidèles (2) al-Malik al-Ashraf Salâh al-dunya wa’l-Dîn Khâlil l’associé du prince des croyants, fils de notre maître, le sultan al-Malik al-Mansûr Saif al-dunya wa’l-Dîn Qalâ’ûn al-Sâlihî, qu’Allâh fasse durer son règne ; (3) sous le gouvernement de sa haute Excellence le grand émir al-‘Izzî ‘Izz al-Dîn Aibek, le trésorier des sultans al-Ashraf al-Mansûr, le représentant du sultanat dans les pays conquis et sur les côts bien gardées, qu’Allâh lui pardonne. Et cela a eu lieu en l’année 693 (1294) Louange à Allâh l’unique.

(1) A surveillé la construction de cette mosquée bénie l’humble serviteur (2) Sâlim de Sahyûn (3) fils de Nâsir al-Dîn le Persan, qu’Allâh lui pardonne ».

 

 

715/1315. Inscription de restauration du sultan al-Nâsir Muhammad, 9 lignes sur le mur est de la cour (inscription n°2, ill.16)[3].

« (1) Au nom d’Allâh (2) le miséricordieux ! Que les temples (3) d’Allâh ne soient visités que par ceux qui croient en Allâh et au dernier jour. A ordonné la construction de ces (4) portiques, pour achever la Mosquée bénie, notre maître le sultan (5) al-Malik al-Nâsir, le savant, le juste, le guerrier, (6) le vainqueur, le victorieux, Nâsir al-dunya wa’l-Dîn Muhammad, fils de Qalâ’ûn, (7) qu’Allâh fasse durer son règne ! Sous le gouvernement de sa très honorée et haute Excellente Saif al-Dîn Kustaî, mamluk d’al-Nâsir, gouverneur de la province de Tripoli, qu’Allâh fortifie (8) ses victoires ! Sous la surveillance de sa haute Excellence Badr al-Dîn Muhammad, fils d’Abâ Bakr, inspecteur des diwans florissants, qu’Allâh fasse durer sa faveur ! Elle fut achevée dans (9) les mois de l’année 715 (1315). Qu’Allâh bénisse notre seigneur Muhammad ! A surveillé la construction de ceci l’humble Ahmad, fils de Hasan de Baalbek ».

 

 

726/1326. Inscription de l’émir Qaratây, 2 lignes (70x10) sur le minbar de la salle de prière (inscription n°3)[4].

« (1) A ordonné la construction de cette chaire bénie l’humble serviteur Qaratây, fils de ‘Abdallâh al-Nâsirî, qu’Allâh le récompense. (2) En conséquence, il a préposé à ce travail, à ses frais, Baktuwân, fils de ‘Abdallâh al-Shhâbî, qu’Allâh l’agrée. Cela a eu lieu au mois de dhu’l-qa’da de l’année 726 (octobre 1326) ».

 

 

817/1414. Décret du sultan al-Mu’ayyad Shaykh, 5 lignes (87x30) au-dessus du linteau de la porte sud-est (inscription n°4, ill.17)[5].

« (1) Louange à Allâh ! Il a été prescrit, par le haut ordre du sultan al-Malik al-Muayyad Abu’l-Nasr Shaykh, (2) qu’Allâh l’élève, l’honore, le rende exécutoire et lui donne plaine autorité, d’abolir les injustices établies récemment au préjudice des habitants (3) de Tripoli, c'est-à-dire l’accaparement des subsistances des sujets (du sultan), telles que le blé, la viande et le pain, et leur vente forcée à des prix excessifs, et d’autres abus de ce genre, (4) en sorte que tous ces faits ne se renouvellent plus et soient interdits sous ce règne florissant, qu’Allâh en conserve le sultan et fasse durer son pouvoir (5) sur les musulmans ! A la date du 15 rabi’I de l’année 817 (6 juin 1414) ; et louange à Allâh ! »

 

 

883/1478. Inscription de restauration de l’émir Azdemir, 4 lignes (55x28) sur le mihrâb (inscription n°5)[6].

« (1) A ordonné de revêtir de marbre cette niche de prière bénie, le pieux serviteur (2) Azdemir al-Ashrafî, gouverneur de la province royale tripolitaine (3) bien gardée, qu’Allâh fortifie ses victoires ! Sous l’administration de notre seigneur, le grand juge (4) des Shâfi’îtes, l’imam ; au premier jour de rabi’II de l’année 883 (2 juillet 1478), sous la surveillance de l’inspecteur Muhammad ».

 

 

908/1502. Décret du gouverneur de Tripoli, 2 fois 3 lignes (130x30) sur le linteau de la porte est (inscription n°6, ill.7)[7].

« (1a)…. Pour les parfums et ce que touchent en sucre et en vinaigre ceux qui sont occupés au bureau du grand chambellan et au majordomat du bureau royal (des domaines) (1b) et pour d’autres choses de ce genre. Et (il a été décrété par ordre du gouverneur) d’exempter (la province ?) de tous ces abus et de la vente forcée du savon, de l’huile et de la potasse et de toutes les innovations créées par le bureau du gouverneur et le bureau royal (des domaines) (2a) et d’autres exactions analogues et de toutes les impositions et services qui sont d’un usage ancien ainsi que de ceux qui seront créés à l’avenir, et d’empêcher le trésorier du gouverneur (2b) de s’opposer à cet ordre ou d’en retrancher quelque chose, et de placer (ces réformes ?) sous la garde du seigneur des envoyés, notre seigneur Mahomet. (3a) Le tout en vertu du décret royal in-quarto. (Et il a été ordonné) de graver ce décret sur une plaque de marbre dans la grande Mosquée à tripoli, par l’ordre du susdit gouverneur (3b) de la province royale, et de l’écrire, à la date du deux du mois d’Allâh, muharram le sacré, de l’année 908 (8 juillet 1502). Louange à Allâh ».

 

 

 

Biblio complémentaire :

Saliba (1994)

Piana (2010), p.307-355

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

1/ plan de la Grande Mosquée avec ses inscriptions

2/ sections de la Grande Mosquée

3/ sections de la Grande Mosquée

4/ relevés du portail est, de l’inscription datée 715/1315 et de la fontaine

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

5/ portail nord de la Grande Mosquée

6/ l’inscription de construction datée 693/1293 sur le linteau

7/ le décret daté 908/1502 du portail est

8/ la cour vers le sud-ouest

9/ vue du portique nord avec le minaret

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

10/ élévation et plan du minaret

11/ le portique nord-est

12/ la façade de la salle de prière et la fontaine

13/ la fontaine depuis l’ouest

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

14/ vue du portique

15/ vue du portique

16/ l’inscription de restauration datée 715/1315 sur le mur est de la cour

17/ décret daté 817/1414 sur le linteau de la porte sud-est

 

 

 

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[1] Sur la fondation de Tripoli, cf. Tadmori (1997-1998), p.471-495 ; Luz (2002b), p.53-71 ; Fuess (2009), p.157-172 ; Piana (2010), p.307-355 et Luz (2014).

[2] Texte d’après Sobernheim/Berchem (1909), n°20.

[3] Texte d’après Sobernheim/Berchem (1909), n°21.

[4] Texte d’après Sobernheim/Berchem (1909), n°22.

[5] Texte d’après Sobernheim/Berchem  (1909), n°23.

[6] Texte d’après Sobernheim/Berchem (1909), n°24.

[7] Texte d’après Sobernheim/Berchem (1909), n°25.